En Grèce 97% de la population est de confession chrétienne orthodoxe et la religion régit encore tous les aspects de la vie des grecs. Impossible d’y échapper, alors j’ai voulu m’intéresser un peu à cet objet de vénération pour les fidèles qu’est l’icône. Pour cela je me suis rendue dans l’atelier Sirimis situé dans la citée médiévale.
L'ART DE L'ICONOGRAPHIE
TRADITION RELIGIEUSE ET HERITAGE CULTUREL BYZANTIN
Le mot icône vient du grec εικόνα qui signifie image. L’iconographie chrétienne est la représentation figurative des saints ou personnages bibliques, et l’illustration des principaux événements de l’Ancien et du Nouveau Testament, sur des panneaux de bois mobiles. Cette tradition artistique trouve son origine dans l’empire byzantin aux IVème et Vème siècle, et s’est exportée par la diffusion du christianisme orthodoxe.
Mais c’est un art encore bien vivant. Pour preuve, Vasilis, ancien professionnel de tourisme, a fait le pari de se reconvertir dans l’art iconographique il y a 17 ans. C’est son fils, Periklis, qui m’a accueilli dans son atelier de la vieille ville pour m’en expliquer l’histoire et ses techniques.
L’Eglise a établi un ensemble étendu de règles à respecter lors de la représentation d’icônes afin d’en perpétuer les canons et de ne pas en altérer le message au fil du temps. Ainsi chaque thème, figure, trait et couleur répondent à des codes bien précis. Mise à part ces codes artistiques rigoureux, l’icône est soumise à des contraintes techniques afin d’en garantir la plus grande longévité.
Cela commence par le choix du bois qui doit être le plus sec possible et son traitement pour le solidifier et qu’il ne se déforme pas. Vient ensuite l’application d’une toile de coton ou de lin enduite de 10 à 12 fines couches d’un mélange de colle et de craie. Une fois sec et poncé, on y trace l’esquisse qui est légèrement gravée afin de dissocier les différentes couleurs (au cas l’une des couches de couleur ne se craquelle). On applique ensuite les feuilles d’or (22-24 carats), puis les couleurs de bases (fabriquées à partir de pigments naturels, d’œuf et de vin ou du vinaigre), on peint ensuite les détails des objets et vêtements et enfin les visages. Finalement l’icône est lustrée avec un vernis 100% naturel (résines, mastic de Chios, cire d’abeille). Il s’agit donc d’un travail de précision et de longue haleine, pour des œuvres dans les règles de l’art faites pour traverser les âges.
Aujourd’hui les icônes et fresques de Periklis et son père décorent de nombreuses églises de l’île et des îles voisines mais aussi une aux Etats-Unis et une autre au Canada. Les demandes arrivent du monde entier et leur carnet de commandes ne désemplie pas.
Pour découvrir leur travail, rendez-vous à l’atelier Vasilis & Periklis Sirimis, 42 rue Kisthiniou dans la vieille ville de Rhodes, du lundi au vendredi de 9h00 à 17h00 et sur leur site www.sirimis.com .